Projet "Dansons"

C’est l’envie d’explorer les possibilités d’insuffler et de convoquer le mouvement et le corps à travers un médium sollicitant l’ouïe tel que la radio.
Comment la voix peut-elle inviter au mouvement ?
C’est un laboratoire ou expérimenter les échanges entre voix parlée et danse autour de questions :
– Comment nos voix, nos mots, nos sons nous meuvent-ils ?
– Comment ces vibrations sonores résonnent avec nos vibrations tissulaires et cellulaires ?
– Comment peut-on inviter, par la voix, par les mots, le corps à s’exprimer sans jamais ordonner ?

Dansons prendra la forme d’un double partage : un morceau voix enregistrée et une vidéo. Cette vidéo se voudra le produit d’une rencontre entre une proposition vocale offerte par l’une et l’interprétation dansée, traversée par ce son, de l’autre. Deux univers qui s’influencent, qui communiquent. La tentative d’une conversation et une main tendue pour entrer dans la danse, imiter le mouvement.

Portrait : Lara

En corps
Puisque nous en sommes
La vie est mouvement, le corps ne s’arrête jamais, le corps est toujours changeant et changé, toujours d’un temps et d’un lieu, toujours cette existence dé-finie, le corps se rappelle, le corps montre, le corps est toujours ici, seulement ici.

La danse est pour moi une manière de traverser l’espace et le temps. Signer le passage. Donner forme évanescente. Laisser surgir ce mouvement de l’infime cellule à l’enveloppe peau. Tenter de s’approprier sa chair. Dire sans même savoir nommer. Parler une autre langue.

Depuis mes 12 ans, la danse m’accompagne, me fascine et reste mon moyen premier d’expression de tout ce qui ne se suffit pas des mots. J’ai eu la chance d’être initiée à la danse néo-classique par une méthode très peu classique ; sans miroir, la justesse du mouvement devait se trouver dans la sensation, un apprentissage tourné vers la compréhension de l’organisation du corps et la liberté. La rencontre avec la danse à un moment de transformation de son corps fut pour moi une aide précieuse et a fondé ma relation au mouvement. Guidée par cette première approche qui ouvrait le champ de l’improvisation plus que celui la technique, j’ai continué de danser dans cet esprit grâce à la rencontre de danseur.se.s et chorégraphes précieux et inspirants comme Sarah dell’Ava à Montréal, Yvann Alexandre à Paris qui nous a permis de danser sur les pierres de la Conciergerie et j’ai découvert des techniques et approches différentes comme le Buto ou encore le Gaga dance. Je ne suis pourtant jamais devenue « technique » et la danse reste une pratique amateure guidée par le désir et le plaisir d’expression de l’intime, guidée aussi par la volonté de trouver plus de paix entre esprit et corps, de chercher à gagner en liberté, en disponibilité, en entièreté en sortant du jugement. La danse s’immisce et infuse dans mes autres pratiques artistiques, elle reste toujours un centre, une ressource. Elle est pour moi cet espace où l’intime trouve ses places, se dit avec moins de voiles qu’avec les mots, où le sens nous parvient un peu plus immédiatement, instinctivement.

En revenant à Paris il y a 5 ans après avoir vécu à Montréal, j’ai découvert le travail de Nadia Vadori-Gauthier surtout à travers son travail pédagogique auprès des jeunes comédiens élèves des conservatoires parisiens. Je n’ai pas eu la chance de suivre ses cours mais je me suis toujours tenue informée de ses actions et œuvres. Lorsque qu’elle a ouvert sa minute de danse à tous pendant le confinement, ce fut la main tendue à partager ces minutes de folie que je faisais déjà pour moi seule. Une graine qui germe et donne l’envie d’en planter d’autres. C’est ainsi que continue mon chemin dansé avec la belle proposition de partage de Radio Libellules.

Portrait : Adèle

Étudiante en thèse de biologie, la danse m’accompagne depuis que je suis petite. Durant le confinement, la chorégraphe Nadia Vadori-Gauthier a ouvert à tous son projet « Une minute de danse par jour », débuté en 2015 après les attentats contre Charlie Hebdo, comme acte de résistance poétique. J’ai commencé à faire ces minutes, tous les jours, confinée sur mon balcon devenu scène, espace de création, bulle dans laquelle je me plongeais quotidiennement. Je me suis créé des histoires, des personnages, j’ai pu aussi danser mes émotions de confinée. Et je continue maintenant dans la rue, souvent seule et parfois accompagnée, comme des dizaines de personnes qui se sont lancées ces derniers mois et ne peuvent plus s’arrêter. Les danseurs et les spectateurs des minutes sont en quelque sorte devenus une petite communauté, des rencontres ont eu lieu à travers nos danses, un joli lien s’est créé.

La minute de danse me permet d’ouvrir une parenthèse dans la journée, un temps que je consacre à mon corps, à ce qui m’entoure. Le fait de la filmer, de la partager, l’ancre dans la durée, dans un projet plus grand. C’est parfois comme un journal intime à ciel ouvert. Les lieux où j’ai dansé prennent une teinte particulière. C’est aussi un petit défi quotidien, pas toujours facile à relever, mais qui donne à chaque journée une touche intéressante.

Je vous laisse découvrir quelques-unes de ces minutes, et peut-être expérimenter à votre tour cette forme de danse quotidienne !

Merci à nos partenaires